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L’accueil des Jeux Olympiques : un précieux acquis

Release Date: 18 Aug 2023
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18 août 2023 - Lors de la célébration du J-365 avant les Jeux Olympiques Paris 2024, Sir Hugh Robertson – président de l’Association olympique britannique et ministre des Jeux Olympiques en 2012 – a analysé l’héritage laissé par Londres 2012 sur le sport britannique.

Lancement dans un an. Voilà un jalon extrêmement important pour n’importe quelle édition des Jeux Olympiques. C’est une date qui captive réellement les esprits, mais aussi le moment où vous réalisez que cet événement incroyable, sur lequel vous travaillez depuis tant d’années, est soudain très proche.

Pour tous ceux qui ont œuvré à Londres 2012, dont j’ai eu le privilège d’être, cette dernière année est un cycle de tests qui passe à la vitesse de la lumière. Nous avons dû nous assurer du bon fonctionnement de toutes les infrastructures que nous avions bâties; qu’il était possible de faire entrer et sortir un million de personnes du parc olympique en toute sécurité; que les liaisons entre transports publics fonctionnaient avec fluidité… Nous avons rapidement découvert que les gens quittaient les stades de manière bien différente de celle anticipée par les simulations informatiques: les humains ne sont pas des programmes! Mais c’est uniquement grâce aux tests que nous avons identifié ce problème.


Toutefois, il n’a pas été possible de tester l’héritage à long terme que nous espérions générer. S’il n’existait aucune garantie, nous ne voulions rien laisser au hasard.

Dès le départ, une idée s’était imposée: nous devions planifier l’héritage en même temps que les Jeux. Notre devise était qu’il fallait intégrer l’héritage dans chaque phase de la planification des Jeux, et nous avons défini cinq domaines clés.

Le premier était l’héritage pour l’économie, de manière à encourager le commerce, les investissements étrangers et le tourisme, ainsi que la croissance économique qu’ils susciteraient. Le deuxième concernait la régénération, à savoir l’impact des Jeux sur le quartier de Stratford. Le troisième héritage concernait la communauté, la manière dont les Jeux seraient un vecteur de rassemblement et une source d’inspiration pour toute une génération. Le quatrième était l’impact de l’accueil des Jeux Paralympiques sur la promotion de l’inclusion et le changement des regards sur les personnes en situation de handicap. Le cinquième et dernier était l’héritage sportif, ce que les Jeux pouvaient apporter au sport britannique.


Il est fabuleux de se rendre au parc olympique Queen Elizabeth aujourd’hui et de se remémorer tous les moments historiques vécus par la délégation britannique. En contemplant le stade olympique, impossible de ne pas se souvenir du «Super Saturday» – sans doute la plus belle journée de l’histoire de l’athlétisme britannique. Il y a ensuite eu le vélodrome, qui a rugi chaque jour au rythme des médailles décrochées par la nation hôte. Puis les berges où de larges foules se rassemblaient autour des écrans géants pour célébrer les podiums de tous les sites, à Londres et au-delà.

D’autres souvenirs surgissent, comme l’image de ce lieu tel qu’il était autrefois: la plus grande friche industrielle au sein du périphérique qu’est l’autoroute M25. Difficile de se l’imaginer aujourd’hui, avec les familles qui se promènent dans le parc, le centre commercial animé et l’activité de la station de métro, où se croisent résidents et employés. Mais voilà un exemple fantastique de la manière dont le sport peut régénérer un quartier et tout ce qu’il peut apporter au quotidien aux habitants d’une ville.

Tous ceux qui ont la chance d’habiter à Stratford de nos jours peuvent savourer ces immenses espaces verts. Ils peuvent y faire du jogging ou du vélo, profiter de la piscine, assister à un match de Premier League… Sans parler des terrains de hockey, des cours de tennis et autres salles hébergés dans la Copper Box. Quelle transformation!

C’est là que l’héritage sportif va au-delà du niveau de performance. À l’évidence, nous sommes extrêmement fiers des succès de notre élite, et en particulier du fait que la Grande-Bretagne ait remporté plus de médailles à Rio 2016 qu’à domicile. Cela n’avait jamais été accompli par un pays hôte: il s’agit d’un exploit extraordinaire.


Les Jeux de Londres ont également embelli la réputation de la Grande-Bretagne dans l’organisation d’événements majeurs. Lors de la décennie qui les a suivis, le pays a accueilli un grand nombre de compétitions continentales et mondiales.

Toutefois, l’héritage sportif va au-delà de ces domaines, et en particulier au niveau de la communauté et de l’éducation sportive. En préparant Londres 2012, nous avons mis en place un projet baptisé «Places People Play» qui a été la clé de voûte de notre héritage à destination du plus grand nombre, en aidant plus de personnes, de tous âges et conditions, à pratiquer un sport. Nous avons soutenu des clubs sportifs et amélioré des installations, en investissant notamment dans des enceintes multisports; nous avons également recruté et formé des milliers de dirigeants sportifs afin d’organiser et d’encadrer les activités sportives pour chacun. Tout cela allait bien au-delà des nouvelles infrastructures que nous bâtissions au parc olympique, et qui sont désormais utilisées par la communauté: du centre aquatique au vélodrome en passant par la Copper Box, mais aussi aux sites temporaires qui ont été démontés et déplacés vers d’autres lieux après les Jeux.

Tous ces héritages sportifs sont inextricablement liés entre eux, du niveau élite aux communautés locales. Lorsque nous préparions Londres 2012, nous avions pour habitude de dire: «Rien ne sert de tenter d’inspirer les jeunes gens à travers le sport s’ils n’ont pas de modèles positifs à suivre.» C’est pourquoi le succès d’athlètes comme Jessica Ennis et Chris Hoy à Londres a été si important. Mais pour s’appuyer sur ce succès, il vous faut les installations adaptées et l’opportunité d’offrir à chacun la possibilité d’avoir une pratique sportive. L’inspiration seule ne suffit pas.

C’est pourquoi il est primordial d’être précis dans la manière dont vous définissez cet héritage, dont vous le concrétisez, et dont vous l’évaluez par la suite. Pour Londres 2012, nous avions cinq piliers: économie, régénération, sport, communauté et handicap. Mais le plus important nous a peut-être échappé: l’impact fabuleux que l’organisation des Jeux peut avoir sur le moral d’un pays. Elle peut modifier le regard sur une ville et redéfinir la manière dont le reste du monde perçoit votre pays.

Paris et l’ensemble de la France le découvriront l’an prochain. Dans mes souvenirs, notre dernière année a été une litanie de pépins à résoudre. Mais une fois que les Jeux sont ouverts, le sport prend la place centrale et attire tous les regards.

Après cela, Paris pourra savourer le concert de louanges pour ce qui sera une édition fantastique des Jeux Olympiques qui marquera son époque, à n’en pas douter.


Sir Hugh Robertson est le président de l’Association olympique britannique. Avant cela, il a été le ministre britannique des Sports et des Jeux Olympiques, responsable pour la livraison des Jeux Olympiques de Londres 2012 et a supervisé tous les aspects de budget, construction, gestion opérationnelle et héritage.

Cet article est la version modifiée de la contribution d'une tierce partie, laquelle a été publiée dans la Revue Olympique. Les articles publiés dans la Revue Olympique ne reflètent pas nécessairement l'opinion du Comité International Olympique.

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