27 décembre 2023 - Nous devons rendre le sport accessible à tous les enfants, quelle que soit leur situation, et les Jeux Olympiques sont l’opportunité parfaite pour leur donner de l’inspiration, selon le double champion olympique Aksel Lund Svindal.
Les Jeux Olympiques sont la plus grande scène du sport, aussi bien pour tous les acteurs impliqués que pour le public qui s’intéresse au sport, au sensationnel et au divertissement. C’est l’occasion de voir converger le monde entier, toutes cultures et tous sports confondus.
En tant qu’athlète, vous y vivez un tourbillon d’émotions : c’est le moment le plus important de votre carrière et en même temps, vous êtes exposé à une perspective plus large qui vous donne le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand. Le sport est magnifique, il met à l’honneur de grandes valeurs et il est extrêmement inclusif. Lorsqu’il s’agit de montrer cela au monde, rien ne vaut les Jeux Olympiques.
Je suis né en Norvège, dans la région d’Oslo, et j’ai grandi en faisant du ski avec mes parents, puis au sein des clubs locaux. À 15 ans, j’ai déménagé à cinq heures de voiture au nord d’Oslo pour m’installer dans une station de ski appelée Oppdal, où l’école proposait une formation de sports-études en ski. J’ai franchi les différents niveaux, puis j’ai commencé à participer régulièrement aux Coupes du monde à 19 ans. Je suis fier de dire que j’ai vécu mon rêve en évoluant au plus haut niveau pendant 17 ans.
Ces souvenirs me donnent le sourire, les petits comme les grands moments en compétition, les entraînements, les voyages et les amitiés. Difficile de m’en remémorer un en particulier : ce que je retiens, c’est la somme de tout ce que j’ai réalisé, mais aussi avec qui et comment ça s’est fait.
Les images de Lillehammer 1994 me donnent encore la chair de poule. Je pense que j’étais trop jeune pour me laisser emporter par l’ambition de remporter une médaille d’or, mais j’étais fier d’être skieur et Norvégien. Je ne crois pas que nous ne nous soyons jamais sentis aussi unis et fiers, mais en même temps aussi inclusifs et accueillants envers les personnes du monde entier pour se joindre aux Jeux Olympiques.
Ce qui rend les Jeux uniques, c’est leur capacité à atteindre tout le monde. Capter l’attention de toute une nation est unique, surtout lorsque c’est pour un événement positif et inspirant. Les Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de Lillehammer 2016 ont également été un moment fantastique pour le monde sportif norvégien, ainsi que pour l’ensemble de la région de Lillehammer. J’adorerais voir la Norvège accueillir de nouveau les Jeux Olympiques.
Notre pays possède une forte culture de sports d’hiver et j’aimerais mettre à l’honneur les clubs locaux. Ils font un travail remarquable pour rendre les sports accessibles aux enfants et inclusifs, tout en parvenant à stimuler les jeunes les plus ambitieux. Lorsqu’on allie cela à une culture des sports d’élite, comme celle que nous avons bâtie dans l’équipe de ski alpin, on obtient une combinaison gagnante.
À 36 ans, j’ai pris ma retraite sportive. Je travaille aujourd’hui sur des projets dans des stations de ski et j’ai lancé un programme à destination des jeunes dans la région d’Oslo : l’objectif est que chaque enfant de 10 ans bénéficie gratuitement de six jours de ski, en partenariat avec les écoles.
Il y a malheureusement eu beaucoup de négativité autour des Jeux récemment. Je ne suis pas là pour prendre parti, mais je trouve que c’est regrettable et que cela menace la capacité des Jeux Olympiques à montrer la voie et à inspirer des millions de personnes dans un monde plus uni.
Les sports d’hiver font face aux mêmes défis que le reste de l’humanité : le changement climatique et l’exclusion. Le premier est peut-être le plus évident, car la hausse des températures affecte le niveau d’enneigement. Mais le monde a aussi tendance à se polariser et à se diviser, entre pays et au niveau local. Le sport reste un facteur d’inclusion, mais nous devons nous assurer qu’il le reste et soit accessible aux enfants, indépendamment de leur situation familiale, de leur niveau, de leur origine culturelle et des revenus de leurs parents.
Pour finir, les Jeux Olympiques doivent être une source d’inspiration pour ces enfants. Que ce soit parce qu’ils rêvent d’y participer un jour, ou parce qu’ils sont fiers de leur pays ou de représenter le monde du sport. Plus les Jeux sont parasités par du tumulte et des considérations politiques, plus ils s’éloignent d’un événement avec lequel les enfants ressentent un réel lien.
Aksel Lund Svindal a participé à quatre éditions des Jeux Olympiques d’hiver. Après avoir fait ses débuts à Turin 2006, il a remporté quatre médailles au total, dont l’or au super-G masculin à Vancouver 2010. Lors de ses ultimes Jeux à PyeongChang 2018, il est devenu le médaillé d’or olympique le plus âgé en ski alpin avec son sacre dans la descente masculine à l’âge de 35 ans.