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Los Angeles – la ville, l’âme du XXIe siècle

Release Date: 09 Jun 2022

09 juin 2022 - Forte de l'expérience acquise lors de l'organisation de deux éditions emblématiques des Jeux Olympiques, Los Angeles est prête à illustrer le pouvoir de l'unité en 2028, en tirant parti de la diversité de ses citoyens et de leur capacité à accueillir des événements sportifs de classe mondiale.

Dans une série d'articles publiés pour la première fois dans le numéro 117 de la Revue olympique, nous avons demandé à des journalistes originaires des pays hôtes des prochaines éditions des Jeux Olympiques de nous expliquer ce que représentent les Jeux pour leurs communautés. Des journalistes de Paris, Milan et Los Angeles ont présenté, avec enthousiasme et passion, leur vision toute personnelle de la manifestation olympique.

Le retour des Jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles, les troisièmes à être organisés dans la ville, décrypté par Alan Abrahamson, journaliste sportif primé, ancien chroniqueur à la NBC et rédacteur pour le Los Angeles Times.

Chaque enfant qui grandit en Californie doit étudier l’histoire de la Californie en fin de primaire, durant toute une année.

Ils apprennent que l’état est parsemé de 21 « missions », toutes situées au bord de l’actuelle route 101. Elles jalonnent ce que l’on appelle encore « El Camino Real » – ou « The Royal Road » – rappel de la monarchie espagnole qui finançait des expéditions en Californie en quête d’un empire.

Les enfants découvrent la « ruée vers l’or »: comment de l’or a été trouvé dans la vallée de Sacramento au début de l'année 1848, et combien chacun, semble-t-il, s’est précipité à San Francisco pour saisir sa part du gâteau. La Californie de 1848 ne dépassait pas les 1 000 âmes. Un an plus tard, on en comptait environ 100 000. La ruée vers l’or a « fait » l’état de Californie, qui a été défini comme tel en 1850.

Les jeunes apprennent que Sacramento est la capitale de la Californie, que San Francisco occupe à peine 11 km2 et que le Golden Gate Bridge, avec sa couleur orange caractéristique, a été inauguré en 1937.

Mais alors, Los Angeles? Qu’y a-t-il à apprendre de Los Angeles? Des tas de choses, évidemment, mais surtout une idée-force : LA est la ville du XXIe siècle.

Et tandis que les Jeux Olympiques se préparent à revenir à LA pour la troisième fois – 1932, 1984, 2028 – la métropole ne transformera pas seulement les Jeux comme elle l’a toujours fait. Les Jeux aussi, comme ils n’ont jamais manqué de le faire, vont bouleverser LA et, bien au-delà, toute la Californie du Sud.

Comme nulle part ailleurs peut-être, les Jeux font partie du tissu social de Los Angeles. Un comité permanent de candidature existe et, durant de nombreuses années, des personnalités comme le juriste et défenseur des droits civiques Barry Sanders y ont maintenu le rêve olympique vivant.

Les Jeux de 1932? C’était la 10e édition des Jeux Olympiques. La 10e rue à Los Angeles? Depuis 1932, c’est l’« Olympic Boulevard ». Tout existe déjà pour le déroulement des Jeux. Ce seul fait place Los Angeles à part et sera un atout essentiel dans la préparation et l’organisation des Jeux de 2028.

Mais revenons un instant en arrière. Quiconque a vécu LA 1984 vous dira à quel point ces Jeux étaient glorieux et à quel point les années suivantes ont été fantastiques, jusqu’au début des années 1990 notamment, lorsque tout convergeait vers LA et la Californie du Sud.

Le souvenir porte inévitablement sur la circulation. Les autoroutes étaient faciles, sans embouteillages. Qui ne souhaiterait pas retrouver cela?! Autre élément clé du projet: les contribuables californiens avaient voté pour que les Jeux soient finances sans argent public. Ils l’ont fait en 1984 et se sont à nouveau prononcés en ce sens pour 2028.

Jusque-là, aucun problème. Le maire Eric Garcetti qui, avec le patron de LA28 Casey Wasserman, a joué un rôle déterminant dans la signature de l’accord historique permettant à Paris d’obtenir 2024 et à Los Angeles 2028, a déclaré que « le comité d’organisation s’attendait à un bénéfice net de l’ordre d’un milliard d’USD ».

Dans le cadre de cet accord, le CIO a convenu d’une avance de 160 millions d’USD pour la promotion du sport chez les jeunes. Ce fonds est déjà utilisé à bon escient. Investir [de l’argent] dans la jeunesse, c'est du concret. Comme on le sait, l’argent est le nerf de la guerre et durant les six prochaines années au minimum, on devrait en voir les b n fi ces. D’ailleurs qui a grandi en jouant au tennis à Compton? Serena et Venus Williams.

Ces 160 millions d’USD doivent permettre de poursuivre le travail accompli par la célèbre LA84 Foundation, dirigée durant des années par celle qui fut vice-présidente du CIO à deux reprises, Anita DeFrantz. Renata Simril lui a depuis succédé à la tête de la fondation. Financée à l’origine par une part de 40% de l’excédent de 232,5 millions d’USD enregistré par le comité d’organisation de LA84, la fondation a investi depuis 1985 des centaines de millions d’USD dans la promotion du sport chez les jeunes en Californie du Sud et aidé des millions d’enfants et d’adolescents. Alors que plus d’un millier d’organisations ont pu bénéficier de ses subventions, elle a investi dans la formation d’environ 100 000 entraîneurs pour de jeunes sportifs tout en constituant une importante bibliothèque dédiée au sport ainsi qu’une collection numérique. Enfin, la fondation a travaillé à la publication de rapports portant, entre autres, sur la prévention des blessures du genou et s’est faite l’avocate de l’égalité des sexes pourles jeunes filles et des droits des jeunes athlètes de couleur.

À LA, ce n’est pas seulement que tout est déjà construit, c’est qu’une bonne partie des installations sont de classe mondiale et meilleures encore qu’en 1984. Le Staples Center, dans le centre-ville, accueille les Lakers de la NBA; le SoFi Stadium, à Inglewood, voit évoluer les Rams et les Chargers de la NFL; la nouvelle arène de basket près du SoFi sera utilisée par les Clippers de la NBA, etc. Et, bien sûr, comment ne pas citer le Los Angeles Memorial Coliseum, site des cérémonies de 1932 et de 1984 et qui a fait l’objet d’une rénovation de 315 millions d’USD en 2019, payée par l’Université de Californie du Sud (USC). Tout cela, sans oublier le Rose Bowl à Pasadena, célèbre site de la finale de la Coupe du monde féminine de la FIFA en 1999.

En 2028, le principal centre de presse sera situé dans l’école de journalisme de l’USC, pratiquement en face du Coliseum. À quelques kilomètres à l’ouest, le long de l’autoroute 10, le campus de l’UCLA hébergera le village olympique.

Lorsqu’il n’y a rien à construire, on peut se concentrer à plein temps sur ce que les Jeux Olympiques signifient, sur leur importance comme facteur de cohésion communautaire, étatique et d’unité nationale.

Au sujet de l’héritage, les perspectives sont particulièrement intéressantes. Les Jeux Olympiques de 1932 ont fait d couvrir Los Angeles au monde, cette ville endormie de la côte ouest des États-Unis d’Amérique. Une idée était née: le rêve californien! Quatre ans auparavant, Walt Disney avait créé un dessin animé parlant, Steamboat Willie, où brillait une certaine souris nommée … Mickey.

Après les boycotts de 1976 et de 1980, les Jeux Olympiques de 1984 ont non seulement sauvé le CIO et le Mouvement olympique – mais c’est une autre histoire, celle de Peter Ueberroth et de son génie financier – mais ils ont aussi électrifié les États-Unis et catapulté LA au sommet de la renommée internationale. Ces Jeux Olympiques, que le pays et le monde entier ont regardé à la télévision, « ont fait savoir que Los Angeles avait atteint le rang de grande ville internationale », note l’historien Kevin Starr, ancien directeur de la bibliothèque d’État.

Les Jeux de 1984 ont également donné un coup de fouet à la confiance de la Californie du Sud et, de là, ont entraîné un boom de la construction, notamment dans le centre-ville de LA. La tour circulaire de 73 étages de l’US Bank a ouvert en 1990 et, durant près de trente ans, elle est restée le bâtiment le plus haut de la côte ouest.

En 2017, quelques rues plus loin, le Wilshire Grand Center a été inauguré. Ses 335 métres de haut en ont fait le bâtiment le plus élevé l’ouest de Chicago. Principal promoteur? Cho Yang-ho du groupe Hanjin et Korean Air. M. Cho, membre du conseil d’administration d’USC situé à quelques encablures du Wilshire Grand Center, a également dirigé la candidature lauréate des Jeux Olympiques d’hiver de PyeongChang 2018.

Les Jeux Olympiques de 2028 bénéficieront eux aussi de l’actuel boom dans le secteur des travaux publics qui, bien qu’il n’ait pas de lien avec les Jeux, pourrait donner le tempo l’ensemble du projet. En 2008, les électeurs du comté de LA ont approuvé une augmentation des impôts pour des projets de transport urbain à hauteur de 40 milliards d’USD, et notamment la construction et la prolongation d’une douzaine de lignes de métro. En 2016, un autre scrutin a approuvé un investissement à hauteur de 120 milliards d’USD pour d’autres projets.

Il faut se souvenir que le CIO n’a pas attribué les Jeux de 2028 à LA avant 2017. Il semble que la construction batte son plein partout. L’aéroport (LAX) est en chantier avec l’arrivée d’une toute première voie ferrée qui reliera LAX à un réseau de métro et de tramway qui s’est largement développé. Si vous souhaitez vous rendre à Beverly Hills, Wilshire Boulevard – l’une des principales artères urbaines – est elle aussi en chantier: c’est l’effervescence. La livraison des principaux projets est attendue pour 2028.

Du haut de Wilshire Grand, entre-temps, vous pouvez admirer ce que l’on sait bien ici à savoir que LA est une ville de quartiers, mais pour ça, il faut descendre de voiture. On y voit aussi l’étincelant océan Pacifique au-delà duquel s’étend l’Asie (la Corée du Sud, le Japon et la Chine), d’où des millions de personnes sont originaires en Californie du Sud – surtout de Chine – et continuent d’y entretenir des liens. C’est aussi là que les Jeux se sont déroulés durant les premières années de ce siècle: PyeongChang, Tokyo, Pékin.

C’est pourquoi à l’avenir les élèves du primaire apprendront l’histoire de LA et pourquoi les Jeux de 2028 en seront un catalyseur. Il n’y a qu’ici que le monde se rassemble naturellement, organiquement.

Comme l’a rappelé à juste titre le maire Garcetti, la ville est déjà la plus diverse de l’histoire de l’humanité. Elle est probablement la capitale septentrionale de l’Amérique latine, la capitale occidentale des États-Unis d’Amérique et la capitale orientale de la ceinture du Pacifique.

Depuis plus de vingt ans déjà, nous sommes dans le siècle du Pacifique. Comme l’a fait observer l’actuel président des États-Unis, notre monde se tourne vers la Chine et la ville qui y joue un rôle pivot est celle-ci, Los Angeles. Là où, en 1984, la République populaire de Chine a retrouvé le chemin du Mouvement olympique.

LA, la ville qui, en 2028, organisera les Jeux Olympiques en hommage à l’un des plus grands de tous les Angelenos, l’un des plus grands olympiens de tous les temps: le seul et l’unique Kobe Bryant, trop tôt disparu, n° 8 et n° 24, dont le portrait figure sur tous les murs de la ville, une légende qui aimait autant qu’il comprenait profond ment que l’union fait la force.

Los Angeles? Telle est l’histoire qui sera enseignée aux enfants de 2028, de 2048 et après.

La ville, l’âme du XXIe siècle.

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